Analyse Comparative - Proposition O031

Analyse juridique croisée avec la proposition de loi intégrale

Analyse comparative de la proposition O031 (intégrale) et de la proposition de Mme Cécile Thiébault

(axes : droit positif français, innovation, écarts, psychotraumatisme, législations étrangères)

Axe Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O031) Apports spécifiques de la proposition de Mme Thiébault Implications pratiques pour les victimes
1. Points d’alignement avec le droit positif français • Reconnaissance de la violence sexiste et sexuelle comme atteinte aux droits humains.
• Existence d’une réponse institutionnelle (police, justice, services sociaux).
• Référence aux textes existants (Code pénal, Code de la santé publique, loi du 9 juin 2018 relative à la prévention et à la protection des victimes).
• Mise en avant d’une approche « intégrale » qui consolide les dispositifs existants (services de protection, assistance juridique, prise en charge médicale).
• Proposition d’un référentiel de suivi des dossiers de victimes (base de données partagée entre les services).
• Les victimes bénéficient d’une continuité de prise en charge (pas de « saut de service »).
• Réduction des délais d’accès aux soins et à la justice grâce à une coordination renforcée.
2. Éléments innovants par rapport au droit actuel • Introduction d’un « code de la violence sexiste et sexuelle » (nouvelle catégorie pénale).
• Obligation de formation obligatoire pour les agents de police et de justice (niveau 20 h).
• Création d’un « service de prévention et d’accompagnement psychologique spécialisé » (SPAPS).
• Intégration d’une approche psychotraumatique systématique : évaluation du traumatisme à chaque étape (signalement, enquête, procès).
• Mise en place d’un « fonds d’urgence psychologique » (financement d’un accompagnement immédiat).
• Application d’une « mesure de protection préventive » (exclusion temporaire de l’agresseur de l’environnement immédiat).
• Les victimes reçoivent un accompagnement psychologique dès le premier contact, ce qui limite la réactivation du traumatisme.
• Le financement immédiat réduit les barrières économiques à l’accès aux soins.
3. Analyse critique des écarts avec la proposition de Mme Cécile Thiébault • O031 ne prévoit pas de « mesure de protection préventive » explicite (exclusion de l’agresseur).
• Pas de mécanisme de suivi post‑procès (réintégration, suivi de la santé mentale).
• Le texte reste trop général sur la « prise de conscience collective » sans détailler les actions concrètes.
• Mme Thiébault insiste sur la « prévention primaire » (programmes scolaires, campagnes médiatiques ciblées).
• Elle propose un « réseau de soutien communautaire » (groupes de parole, médiation familiale).
• Elle introduit un dispositif de « responsabilité pénale renforcée » (amendes proportionnelles à la gravité, peines de prison plus longues).
• Les victimes de la proposition de Mme Thiébault bénéficient d’une prévention plus robuste, réduisant le risque de récidive.
• Le réseau communautaire offre un soutien social immédiat, diminuant l’isolement.
• La responsabilité pénale renforcée peut dissuader les agresseurs, mais peut aussi entraîner des procédures plus longues, impactant la perception de justice chez la victime.
4. Évaluation de l’impact sur les victimes (approche psychotraumatique) • Le texte O031 intègre l’évaluation psychotraumatique mais ne précise pas les modalités (outils, fréquence).
• Pas de mention explicite de la prise en compte du traumatisme dans les décisions de justice (ex. délais de procès).
• Mme Thiébault propose un « plan de soins psychologiques individualisé » (évaluation initiale, suivi trimestriel, ajustement selon évolution).
• Elle prévoit un « temps de parole obligatoire » avant toute décision judiciaire (médiation, entretien avec psychologue).
• Les victimes de la proposition de Mme Thiébault bénéficient d’un accompagnement continu, réduisant le risque de syndrome de stress post‑traumatique (SSPT).
• Le temps de parole permet de reconstruire la narration de l’événement, favorisant la résilience.
• L’absence de ces mesures dans O031 peut laisser les victimes vulnérables à la réactivation du traumatisme.
5. Comparaison avec les législations étrangères (Espagne, pays nordiques) • En Espagne, la loi « Ley de Violencia de Género » (2004) prévoit des mesures de protection, des programmes de prévention et un suivi psychologique obligatoire.
• Les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège) intègrent la prise en charge psychotraumatique dès le premier contact, avec des services de santé mentale intégrés aux services de police.
• Mme Thiébault s’inspire de ces modèles en proposant un « service de prévention et d’accompagnement psychologique spécialisé » et un « fonds d’urgence psychologique ».
• Elle propose également un « réseau de soutien communautaire » similaire aux programmes de soutien aux victimes en Suède.
• Les victimes françaises, en adoptant les pratiques nordiques, bénéficieraient d’une prise en charge plus holistique (santé, justice, social).
• L’intégration de la prévention primaire, comme en Espagne, pourrait réduire le taux de violence sexiste à long terme.
• Les différences de financement (budget alloué aux services de santé mentale) restent un frein à l’implémentation complète.

Synthèse des points clés

  1. Alignement avec le droit positif
  2. O031 respecte les fondements du Code pénal et du Code de la santé publique, mais manque de précision sur les mécanismes de coordination interservices.
  3. Mme Thiébault complète ces fondements par une approche systématique de la prise en charge psychologique et de la prévention.

  4. Innovation

  5. O031 introduit un cadre pénal spécifique et une formation obligatoire, mais ne détaille pas les modalités de suivi psychologique.
  6. Mme Thiébault propose des dispositifs de prévention primaire, de suivi psychologique continu et de responsabilité pénale renforcée, inspirés des meilleures pratiques européennes.

  7. Écarts critiques

  8. O031 ne prévoit pas de mesures de protection préventive (exclusion de l’agresseur) ni de suivi post‑procès.
  9. Mme Thiébault comble ces lacunes, mais son approche peut nécessiter un financement supplémentaire et une réforme institutionnelle plus poussée.

  10. Impact psychotraumatique

  11. O031 reconnaît le traumatisme mais ne l’intègre pas systématiquement dans les procédures judiciaires.
  12. Mme Thiébault intègre le traumatisme dans chaque étape, ce qui est cohérent avec les recommandations de l’OMS et des associations de victimes.

  13. Comparaison internationale

  14. Les modèles espagnol et nordique montrent l’efficacité d’une prise en charge intégrée (justice, santé, prévention).
  15. La proposition de Mme Thiébault s’en inspire et pourrait rapprocher le droit français de ces standards, à condition d’une mise en œuvre pragmatique.

Recommandations pratiques

Action Pourquoi Impact attendu
Intégrer un dispositif de suivi psychologique continu Alignement avec les pratiques espagnoles et nordiques Réduction du SSPT, amélioration de la confiance dans le système judiciaire
Mettre en place des mesures de protection préventive (exclusion temporaire) Réduction de la récidive et protection immédiate Diminution du risque de nouvelles violences
Allouer un budget dédié aux services de santé mentale spécialisés Nécessaire pour la mise en œuvre des mesures proposées Accès immédiat aux soins, réduction des barrières financières
Former les agents de police et de justice à la prise en charge psychotraumatique Renforcer la compétence institutionnelle Meilleure qualité de l’accueil des victimes, réduction des traumatismes secondaires
Créer un réseau de soutien communautaire Favoriser la résilience sociale Soutien social, réduction de l’isolement, amélioration de la qualité de vie

En conclusion, la proposition intégrale O031 constitue une base solide mais nécessite l’intégration des éléments innovants et psychotraumatiques de la proposition de Mme Cécile Thiébault pour répondre pleinement aux besoins des victimes et se rapprocher des standards internationaux.