Analyse Comparative - Proposition O118

Analyse juridique croisée avec la proposition de loi intégrale

Analyse comparative de la proposition O118 et de la loi en discussion

(en tenant compte de la proposition de Mme Cécile Thiébault, de la jurisprudence VSS et de la psychologie du traumatisme)

Axe Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O118) Apports spécifiques de la proposition de Mme Thiébault Implications pratiques pour les victimes
1. Points d’alignement avec le droit positif français • Création d’une nouvelle infraction pénale (exploitation sexuelle physique / numérique).
• Application du principe de légalité (nullum crimen, nulla poena sine lege).
• Rôle du ministère public et des juridictions judiciaires, conformément aux règles de procédure pénale.
• Coordination entre police, gendarmerie et administration pénitentiaire, en cohérence avec la loi de 2016 sur la lutte contre les violences sexuelles.
• Intégration explicite de la dimension psychotraumatique : reconnaissance du traumatisme comme facteur aggravant et justification d’une prise en charge spécifique (psychologue, suivi médical).
• Proposition d’un dispositif de « prévention primaire » (formations, campagnes de sensibilisation ciblées sur les plateformes numériques).
• Mise en place d’un registre national des victimes d’exploitation sexuelle, afin de faciliter le suivi et la coordination des services.
• Les victimes bénéficient d’une reconnaissance juridique de leur traumatisme, ce qui ouvre droit à des mesures de réparation (indemnisation, soins).
• Le registre facilite l’accès à un réseau de soutien (psychologues, associations).
• La coordination institutionnelle réduit les délais de prise en charge et évite la fragmentation des dossiers.
2. Éléments innovants par rapport au droit actuel • Codification d’une infraction spécifique aux formes numériques (camming, partage de contenus non consensuels).
• Introduction d’une sanction proportionnée à la gravité (amendes, peines de prison, interdiction d’accès aux plateformes).
• Application du principe de « responsabilité pénale des plateformes » (obligation de retirer les contenus, de signaler les comportements suspects).
• Intégration d’un dispositif de « prévention de la récidive » : suivi post‑condamnation, programmes de réinsertion ciblés.
• Reconnaissance de la « exploitation sexuelle de l’enfant en ligne » comme crime distinct, avec des peines renforcées.
• Les victimes d’exploitation numérique voient leurs agresseurs pénalement responsables, même s’ils opèrent à l’étranger.
• Les plateformes sont incitées à mettre en place des outils de détection précoce, réduisant le risque de nouvelles victimes.
• Le suivi post‑condamnation permet de prévenir la récidive, protégeant ainsi les populations vulnérables.
3. Analyse critique des écarts avec la proposition de Mme Cécile Thiébault • O118 se concentre sur l’aspect pénal, sans détailler les mesures de protection sociale (indemnisation, accompagnement).
• La proposition de Mme Thiébault insiste sur la dimension « vigilance et prévention » (formation des professionnels, campagnes de sensibilisation).
• Mme Thiébault propose un cadre plus global :
 – un dispositif d’accompagnement juridique et psychologique obligatoire pour chaque victime.
 – une coordination renforcée entre justice, santé, services sociaux et associations.
 – un mécanisme de suivi à long terme (évaluation de la santé mentale, réintégration sociale).
• Les écarts signifient que, sans l’intervention de Mme Thiébault, les victimes peuvent rester isolées dans le système pénal sans accès systématique aux soins.
• La proposition de Mme Thiébault permettrait de réduire le risque de revictimisation et d’améliorer la résilience psychologique.
4. Évaluation de l’impact sur les victimes (approche psychotraumatique) • Reconnaissance du traumatisme comme facteur aggravant, ce qui justifie des peines plus sévères.
• Obligation de signaler les besoins de santé mentale aux autorités judiciaires.
• Intégration d’un protocole de prise en charge psychologique obligatoire (psychologue, psychiatre, suivi de 12 mois).
• Mise en place d’un « point de contact unique » (service d’accueil, ligne d’écoute).
• Prévention de l’auto‑stigmatisation via des campagnes d’information.
• Les victimes bénéficient d’un accompagnement holistique, réduisant le risque de troubles post‑traumatiques.
• Le point de contact unique facilite l’accès aux services, diminuant les barrières administratives.
• La reconnaissance officielle du traumatisme renforce la légitimité de la demande d’aide.
5. Comparaison avec les législations étrangères (Espagne, pays nordiques) Espagne : Loi 3/2019 (exploitation sexuelle) introduit une infraction spécifique aux contenus numériques et impose des sanctions aux plateformes.
Suède : Loi 2018/19 sur la protection des enfants en ligne, avec un registre national et des sanctions renforcées.
Finlande : Code pénal 2020, création d’une infraction « exploitation sexuelle en ligne » et obligation de coopération internationale.
• Mme Thiébault s’inspire de ces modèles :
 – registre national (Suède).
 – sanctions aux plateformes (Espagne).
 – coopération internationale (Finlande).
 – accompagnement psychologique obligatoire (modèle suédois de « vårds- och stödprogram»).
• L’adoption d’un cadre similaire aux pays nordiques permettrait à la France de bénéficier d’une meilleure coopération internationale (ex. extradition, partage d’informations).
• Le registre national faciliterait la traçabilité des victimes et des agresseurs, améliorant la prise en charge.
• Les sanctions aux plateformes, déjà présentes dans la proposition O118, renforceraient la protection des victimes en ligne.

Synthèse des points clés

  1. Alignement juridique
  2. La proposition O118 respecte les principes fondamentaux du droit pénal français (nullum crimen, nullum poena, légalité).
  3. Elle introduit une infraction spécifique aux formes numériques, ce qui est cohérent avec la jurisprudence récente (CJUE, 2022).

  4. Innovations

  5. La responsabilité pénale des plateformes et le registre national sont des avancées majeures.
  6. La prise en compte du traumatisme comme facteur aggravant est un pas vers une justice plus humaine.

  7. Écarts avec Mme Thiébault

  8. O118 manque d’un dispositif d’accompagnement social et psychologique systématique.
  9. Mme Thiébault propose un cadre global (justice, santé, associations) qui réduirait la fragmentation des services.

  10. Impact psychotraumatique

  11. La reconnaissance du traumatisme et l’obligation de suivi psychologique améliorent la santé mentale des victimes.
  12. Le point de contact unique réduit les barrières d’accès aux soins.

  13. Comparaison internationale

  14. Les modèles espagnol, suédois et finlandais offrent des pistes concrètes (registre, sanctions aux plateformes, coopération internationale).
  15. L’adoption de ces éléments renforcerait la protection des victimes françaises et faciliterait la coopération transfrontalière.

Recommandations pratiques

Action Objectif Résultat attendu pour les victimes
Intégrer un registre national Suivi des victimes et des agresseurs Accès facilité aux services, meilleure coordination
Obliger les plateformes à retirer les contenus Prévention de la récidive Réduction du risque de nouvelles victimes
Mettre en place un protocole de prise en charge psychologique obligatoire Réduction du traumatisme Amélioration de la santé mentale, prévention de la revictimisation
Créer un point de contact unique Simplifier l’accès aux services Diminution des barrières administratives
Renforcer la coopération internationale Traçabilité des agresseurs transfrontaliers Accélération des procédures d’extradition, meilleure protection

En conclusion, la proposition O118 constitue déjà une avancée significative par rapport au droit français actuel, mais elle gagnerait à intégrer les éléments de Mme Thiébault pour offrir une protection complète, tant sur le plan pénal que sur le plan psychologique et social. L’alignement avec les meilleures pratiques européennes renforcerait la crédibilité et l’efficacité de la législation française face aux violences sexuelles, notamment dans le domaine numérique.