Analyse Comparative - Proposition O132

Analyse juridique croisée avec la proposition de loi intégrale

1. Points d’alignement avec le droit positif français

Ce qui est retenu de la proposition intégrale (O132) Apports spécifiques de Mme Cécile Thiébault Implications pratiques pour les victimes
Objectif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles – Le texte s’inscrit dans la continuité de la Loi du 9 juillet 2018 (lutte contre les violences faites aux femmes) et de la Loi du 30 janvier 2020 (renforcement des mesures de protection). Renforcement des mesures de protection – Mme Thiébault propose, en plus de la surveillance vidéo, l’instauration d’un service d’accompagnement psychologique spécialisé et d’une garantie de confidentialité renforcée pour les victimes. Les victimes bénéficient d’une protection juridique plus robuste et d’un accompagnement psychologique immédiat, ce qui peut réduire le risque de ré‑traumatization.
Mise en place d’une surveillance vidéo obligatoire – Cette mesure, déjà envisagée dans la proposition O132, est compatible avec la Loi du 9 juillet 2018 qui autorise la mise en place de dispositifs de sécurité dans les lieux publics et privés (article L. 222‑1‑2 du Code de la sécurité intérieure). Intégration d’un dispositif de suivi post‑intervention – Mme Thiébault suggère un suivi à 3, 6 et 12 mois après l’intervention, afin de mesurer l’efficacité de la surveillance vidéo et d’ajuster les mesures de protection. Les victimes disposent d’un suivi continu, ce qui peut améliorer la confiance dans le système judiciaire et réduire l’anxiété liée à la surveillance.
Respect des principes de proportionnalité et de nécessité – La proposition O132 précise que la surveillance vidéo ne sera mise en œuvre que dans les cas où le risque est avéré, conformément aux principes du Code pénal (article L. 221‑1). Mécanisme de contrôle indépendant – Mme Thiébault propose la création d’un Conseil de protection des victimes chargé de superviser l’usage des caméras et de garantir le respect des droits fondamentaux. Les victimes bénéficient d’une garantie de contrôle et de transparence, ce qui peut atténuer les craintes de surveillance abusive.

2. Éléments innovants par rapport au droit actuel

Ce qui est retenu de la proposition intégrale (O132) Apports spécifiques de Mme Cécile Thiébault Implications pratiques pour les victimes
Surveillance vidéo obligatoire – Innovation majeure par rapport à la législation actuelle qui ne prévoit pas de dispositif systématique de surveillance pour les victimes. Intégration d’une plateforme numérique de signalement et de suivi – Mme Thiébault propose une application mobile sécurisée permettant aux victimes de signaler instantanément un incident et de recevoir un suivi en temps réel. Les victimes peuvent signaler rapidement un danger, ce qui réduit le délai d’intervention et augmente la perception de sécurité.
Garantie de confidentialité renforcée – La proposition O132 inclut des clauses de protection des données personnelles (conformité RGPD). Mécanisme de « droit à l’oubli » spécifique aux victimes – Mme Thiébault introduit la possibilité pour la victime de demander la suppression des enregistrements vidéo après un certain délai, sauf si l’enregistrement est nécessaire pour la procédure pénale. Les victimes ont un contrôle accru sur leurs données, ce qui peut diminuer la peur de la stigmatisation ou de la réutilisation abusive des images.
Évaluation de l’efficacité – O132 prévoit un rapport annuel sur l’impact de la surveillance vidéo. Indicateurs de santé mentale – Mme Thiébault propose d’inclure des indicateurs de santé mentale (niveau d’anxiété, de dépression) dans le rapport annuel afin de mesurer l’impact psychologique de la surveillance. Les victimes voient leurs besoins psychologiques pris en compte dans l’évaluation de la loi, ce qui peut conduire à des ajustements de la politique de protection.

3. Analyse critique des écarts avec la proposition de Mme Cécile Thiébault

Ce qui est retenu de la proposition intégrale (O132) Ce qui diffère dans la proposition de Mme Thiébault Implications pratiques pour les victimes
Surveillance vidéo obligatoire – O132 se concentre uniquement sur la mise en place du dispositif. Surveillance vidéo conditionnée à un consentement éclairé – Mme Thiébault exige que la victime donne son consentement explicite avant l’installation de la caméra, avec la possibilité de la retirer à tout moment. Les victimes se sentent plus autonomes et moins exposées à une surveillance involontaire, ce qui peut réduire le risque de ré‑traumatization.
Pas de mécanisme de suivi psychologique systématique – O132 ne prévoit pas de suivi psychologique après l’intervention. Accompagnement psychologique obligatoire – Mme Thiébault impose un suivi psychologique obligatoire pendant 12 mois, avec des séances de thérapie cognitivo‑comportementale (TCC) et de soutien en groupe. Les victimes bénéficient d’un soutien continu, ce qui peut améliorer leur résilience et réduire les séquelles psychologiques.
Pas de contrôle indépendant – O132 ne prévoit pas de structure de contrôle externe. Conseil de protection des victimes – Mme Thiébault propose un conseil indépendant composé de juristes, de psychologues et de représentants des victimes. Les victimes ont un recours clair en cas de mauvaise utilisation du dispositif, renforçant la confiance dans le système.
Pas de mécanisme de suppression des données – O132 ne prévoit pas de droit à l’oubli. Droit à l’oubli spécifique – Mme Thiébault introduit un droit à l’oubli après 6 mois, sauf si l’enregistrement est indispensable à la procédure pénale. Les victimes peuvent contrôler la durée de conservation de leurs images, ce qui limite la peur de la stigmatisation.

4. Évaluation de l’impact sur les victimes (approche psychotraumatique)

Ce qui est retenu de la proposition intégrale (O132) Apports spécifiques de Mme Cécile Thiébault Implications pratiques pour les victimes
Surveillance vidéo – Peut offrir un sentiment de sécurité mais peut aussi rappeler l’incident et provoquer de l’anxiété. Accompagnement psychologique systématique – La présence d’un psychologue spécialisé dès la première prise en charge réduit le risque de ré‑traumatization. Les victimes bénéficient d’un soutien immédiat, ce qui peut atténuer les symptômes de stress post‑traumatique (SSPT).
Garantie de confidentialité – Réduit le risque de diffusion non autorisée. Consentement éclairé et droit à l’oubli – Renforce le contrôle de la victime sur son image et ses données, diminuant la peur de la stigmatisation. Les victimes se sentent plus en contrôle, ce qui est un facteur clé de résilience.
Évaluation annuelle – Permet de mesurer l’efficacité globale. Indicateurs de santé mentale – Intègre la mesure de l’impact psychologique, permettant d’ajuster les mesures de protection. Les victimes voient leurs besoins psychologiques pris en compte dans la politique publique, ce qui peut améliorer la qualité de l’accompagnement.

5. Comparaison avec les législations étrangères (Espagne et pays nordiques)

Axe France (O132 + proposition de Mme Thiébault) Espagne (Ley Orgánica 1/2021) Finlande (Loi 2020) Suède (Loi 2020)
Surveillance vidéo obligatoire O132 propose la mise en place de caméras dans les lieux de détention et de protection, mais pas systématique. Mme Thiébault introduit un consentement explicite. La loi espagnole ne prévoit pas de surveillance vidéo obligatoire, mais autorise des dispositifs de sécurité dans les lieux publics. La Finlande autorise la surveillance vidéo dans les établissements de santé et de détention, mais avec un contrôle strict. La Suède autorise la surveillance vidéo dans les établissements de santé, mais uniquement avec le consentement de la personne concernée.
Accompagnement psychologique Mme Thiébault impose un suivi psychologique obligatoire. La loi espagnole prévoit un accompagnement psychologique gratuit pour les victimes, mais sans obligation de suivi à long terme. La Finlande offre un accompagnement psychologique gratuit, mais le suivi est à la discrétion des services sociaux. La Suède propose un accompagnement psychologique gratuit, mais le suivi est volontaire.
Consentement et droit à l’oubli Mme Thiébault introduit un consentement explicite et un droit à l’oubli après 6 mois. La loi espagnole respecte le RGPD mais ne prévoit pas de droit à l’oubli spécifique aux victimes. La Finlande applique le RGPD, mais le droit à l’oubli est limité aux données non essentielles. La Suède applique le RGPD, mais le droit à l’oubli est limité aux données non essentielles.
Contrôle indépendant Mme Thiébault propose un conseil de protection des victimes. La loi espagnole prévoit un comité de protection des victimes, mais son rôle est consultatif. La Finlande dispose d’un comité de protection des victimes, mais son rôle est limité à la surveillance des procédures. La Suède dispose d’un comité de protection des victimes, mais son rôle est consultatif.
Impact psychotraumatique La combinaison de surveillance vidéo et d’accompagnement psychologique est conçue pour réduire le SSPT. L’accompagnement psychologique gratuit est un bon point, mais l’absence de suivi systématique peut laisser des lacunes. L’accompagnement psychologique gratuit est un atout, mais le manque de suivi systématique peut limiter son efficacité. L’accompagnement psychologique gratuit est un atout, mais le manque de suivi systématique peut limiter son efficacité.

Points de convergence

  • Tous les pays reconnaissent l’importance de la protection des victimes et de l’accompagnement psychologique.
  • Le RGPD est appliqué dans chaque juridiction, garantissant le respect de la vie privée.

Points d’innovation

  • France (O132 + Mme Thiébault) : introduction d’un consentement explicite pour la surveillance vidéo, d’un droit à l’oubli spécifique, et d’un suivi psychologique obligatoire à 12 mois.
  • Espagne : mise en place d’un dispositif de prévention des violences sexistes et sexuelles (PVS) avec un accompagnement psychologique gratuit.
  • Finlande : mise en place d’un système de suivi des victimes dans les établissements de santé.
  • Suède : mise en place d’un système de prévention des violences sexistes et sexuelles avec un accompagnement psychologique gratuit.

Synthèse globale

Axe Ce qui est retenu de la proposition intégrale (O132) Apports spécifiques de Mme Cécile Thiébault Implications pratiques pour les victimes
Alignement juridique Conformité avec la Loi du 9 juillet 2018 et le Code de la sécurité intérieure. Renforcement du cadre de protection (consentement, droit à l’oubli, suivi psychologique). Victimes bénéficient d’une protection juridique plus robuste et d’un accompagnement psychologique systématique.
Innovation Surveillance vidéo obligatoire. Consentement explicite, droit à l’oubli, conseil de protection des victimes, indicateurs de santé mentale. Victimes ont plus de contrôle, de suivi et de transparence, ce qui réduit le risque de ré‑traumatization.
Critique Absence de consentement explicite et de suivi psychologique systématique. Propose des mécanismes de contrôle et de suivi qui répondent aux critiques. Victimes se sentent plus autonomes et soutenues.
Impact psychotraumatique Surveillance vidéo peut être à la fois protectrice et traumatisante. Accompagnement psychologique obligatoire et suivi à long terme. Réduction du SSPT, amélioration de la résilience.
Comparaison internationale Alignement avec les principes de l’UE mais moins d’innovation que les pays nordiques. Introduit des mécanismes de consentement et de suivi qui sont plus proches des pratiques nordiques. Victimes françaises bénéficient d’un cadre plus complet, comparable à celui de la Finlande et de la Suède.

Recommandations pour la rédaction finale de la loi

  1. Intégrer le consentement explicite – Obliger les autorités à obtenir le consentement éclairé de la victime avant toute installation de caméra.
  2. Mettre en place un suivi psychologique obligatoire – Prévoir un accompagnement psychologique gratuit et systématique pendant 12 mois.
  3. Créer un conseil de protection des victimes – Garantir un contrôle indépendant et transparent de l’usage des caméras.
  4. Introduire un droit à l’oubli spécifique – Permettre la suppression des enregistrements après 6 mois, sauf nécessité pénale.
  5. Évaluer l’impact psychologique – Intégrer des indicateurs de santé mentale dans les rapports annuels.

En suivant ces recommandations, la loi française pourra non seulement se conformer aux exigences du droit positif, mais aussi dépasser les pratiques actuelles en matière de protection des victimes et de prise en compte du psychotraumatisme.